Nouvel an à Molenbeek

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C’est le 31 décembre, la soirée la plus casse-tête de l’année. On fait quoi ? Question fatidique et surtout répétitive. Tous les ans nous sommes censés « faire un truc » pour saluer l’arrivée d’une nouvelle révolution de notre Terre autour du Soleil. Trop cool.
Dans mon cas et comme chaque année, l’organisation commence à peine trois semaines avant la date fatidique. Résultat, le 26 décembre, nous ne savions toujours pas bien où nous allions. Les deux années précédentes, un petit séjour dans le bordel d’Amsterdam un 31 décembre. C’était bien, sans plus. On savait qu’il y avait un festival chaque année qui officiait à Bruxelles avec plusieurs grosses scènes, de prestigieuses têtes d’affiche et des milliers de fêtards.
On prend notre billet trois jours avant sans trop savoir dans quoi nous nous embarquons.
Le lendemain, on apprend que plusieurs arrestations dans le cadre de la lutte anti-terroriste se font au sein de la capitale belge. Très vite, tout s’emballe et la quasi totalité des évènements est annulée pour le réveillon à Bruxelles.
Mais pas notre festival, comble de l’ironie, l’adresse du site (que l’on consulte 48h avant le départ, bah oui l’organisation c’est pas notre truc) indique Molenbeek, soi disant capitale européenne du djihadisme, un quartier que « la France devrait bombarder » selon notre cher et sage Eric Zemmour.
Alors certes ça refroidit, avec le traumatisme encore tout frais des attentats de Paris et les médias qui ne cessent d’évoquer les risques imminents pour le 31 décembre. Sur les réseaux sociaux ça s’emballe, plusieurs personnes crient à l’inconscience et souhaitent l’annulation du festival.

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De notre côté, on se pose pas trop de questions et on maintient le plan initial. Pourquoi on se soumettrai à la hantise ambiante ? On y va pour s’amuser, pour finir une année noire avec le sourire aux lèvres, pour prouver que même en ces temps difficiles et dans une zone sensible, on peut passer au dessus de tout ça et s’éclater.
Nous arrivons sur place aux alentours de 23h30, la rue grouille de policiers et de sécurité en tout genre, des pétards claquent un peu partout, l’ambiance est spéciale, ça ne respire pas la joie et la sérénité.
Pourtant, une fois passé les contrôles et ingurgité quelques bières, la musique et l’ambiance prennent très rapidement le dessus sur le climat dehors et la soirée peut débuter. Ma première impression à l’intérieur c’est de constater qu’il y a du monde, beaucoup de monde. Toutes les scènes sont pleines à craquer, l’ambiance est bonne, très bonne même. J’aperçois la fin du live de Vald, j’ai beau ne pas être un grand fan de sa musique, forcé de constater qu’il sait comment enflammer une foule, le gars se donne à fond, gueule dans tous les sens, un vrai show.
Le reste de la nuit se déroule comme tout bon festival, musique, boire, fumer, déambuler, sympathiser avec des mecs encore plus torchés que toi, payer sa 5ème clope, trous noirs, tout ce qu’on aime en fin de compte. Au passage, grosse performance de Monsieur Jeff Mills, le mec le plus classe de la scène techno de Detroit/Chicago.

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Les dernières scènes se stoppent aux alentours de 6h du matin, une poignée de survivants est encore là à se trémousser de manière approximative, le festival est déjà fini. Merci Fckn Beat pour nous avoir offert une vraie soirée de nouvel an. On reviendra sans hésiter l’an prochain, dans un contexte surement plus favorable, avec une audience complète, car oui cette année il y avait deux fois moins de festivaliers que l’an dernier.

WSoP 2014: Un pro remporte le Main Event, Martin Jacobson dans l’Histoire.

Il y a pratiquement un an jour pour jour, le suédois Martin Jacobson venait à bout d’un field de 6 683 joueurs pour s’adjuger les 10 millions de dollars réservés au gagnant, et surtout devenir le nouveau vainqueur du Main Event des World Series of Poker.

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C’est quoi le Main Event des WSoP ?

C’est le tournoi principal des WSoP tenus chaque année à Vegas. La première édition eu lieu en 1970 et vit Johnny Moss l’emporté sur les sept participants de l’épreuve. Depuis, l’organisation et les enjeux que suscitent le Main ont considérablement évolué. En 2003, un certain Chris Moneymaker issu des tournois qualificatifs sur internet remporte 2.5 millions de dollars et devient le premier amateur/anonyme a remporté le Graal du poker. A partir de ce conte de fée made in USA, le Main Event verra son taux de participation exploser à chaque édition pour atteindre des audiences monstrueuses.

Aujourd’hui considéré comme le plus gros tournoi annuel du circuit, le Main Event regroupe chaque année plusieurs milliers de joueurs venus des quatre coins du globe pour tenter de remporter les prix gargantuesques réservés aux derniers survivants de cette boucherie (10 000 dollars l’inscription multiplié par la totalité du field = beaucoup beaucoup d’argent !) ainsi que le titre de Champion du Monde (prestige/gloire/buzz/fame/tout ça)

Alors forcément, dans un tournoi qui réunit des milliers de joueurs et qui s’étend sur plus d’une semaine, il est difficile même pour les meilleurs joueurs de la planète de se distinguer au sein de ce marathon.

Dans l’histoire du Main Event moderne (post Moneymaker j’entends), le costume du champion a toujours été porté par un joueur méconnu du grand public. Certains furent même décriés comme des joueurs très limités dans la science du jeu (n’est ce pas Jamie, Jerry et Joe ?).

Jusqu’à ce que ?..

Lors de l’édition de 2014, un certain Martin Jacobson finit le Day 1 chip leader et suscite une première attention de la part de la planète Poker. Le suédois est un régulier du circuit professionnel, avec un total de 5 millions de dollars de gain, ainsi que plusieurs tables finales dans des tournois majeurs (deux fois runner up et une fois 3ème pour les EPT !). A partir de là, Jacobson ne quittera plus le top 30 à l’issue de chaque journée, en édifiant petit à petit un stack conséquent. Car oui le scandinave n’est pas un joueur ultra LAG (Loose et AGro = joue beaucoup de mains en mettant constamment la pression sur l’adversaire) comme l’aurait laissé deviner sa nationalité. Jacobson a fait preuve tout au long du tournoi de beaucoup de calme et d’intelligence en choisissant précisément ses spots, et en s’abstenant de jouer des pots dangereux pour l’intégrité de son tapis. On a notamment pu le voir extrêmement patient en table finale dans une position de short stack qu’il a gérait à la perfection afin de remonter au fil des postions pour finalement l’emporter devant le norvégien Felix Stephensen et le néerlandais Jorryt van Hoof (Europe > USA).

Martin Jacobson est donc le premier joueur professionnel et réputé à remporter un Main Event moderne, une performance historique, qui va être extrêmement difficile à égaler (bien essayé Daniel !), on lui dit merci et félicitations ! Preuve que le talent prédomine sur l’alétoire au Poker !

Les highlights de Jacobson sur le Main 2014

Le Hendon Mob de Jacobson

Télévision et Science Fiction, une certaine représention du réel.

La Science-Fiction est un genre cinématographique à part entière qui – en plus de concevoir de toute pièce un monde futuriste visuel (Le Los Angeles 2019 pluvieux et nocturne de Ridley Scott dans son film Blade Runner) – propose des réflexions variées et pertinentes.
La notion de la perception du réel (Cf. Allégorie de la Caverne de Platon) est notamment très étudiée dans la culture S.F., en particulier avec les œuvres littéraires de Philip K. Dick.
Au cinéma, il est intéressant de noter l’implication de l’objet télévisuel dans ce thème de la perception de la réalité. Dans le film Matrix des Wachowski sorti en 1999, il y a cette séquence où le personnage de Morpheus expose à Néo le « désert du réel » tel qu’il est véritablement à travers un vieux poste de télévision.

J’ai choisi de me focaliser sur l’œuvre Rencontres du troisième type réalisé par Steven Spielberg et sorti en salles en 1977.
Tout en reprenant cette notion de représentation de la réalité à travers l’objet télévisuel, on peut se demander quel est le rôle de la télévision au sein de l’œuvre de Spielberg, et ce dans un contexte de Guerre Froide ?
De ce fait, nous étudierons deux analyses de séquences aux implications idéologiques relativement opposées et qui sont représentatives d’une technologie nouvelle dans un environnement historique bien précis.

Rappel historique: Le poste de télévision débarque dans les foyers familiaux dés 1953/1954 aux États-Unis, et quelques années plus tard pour les domiciles européens. Cette nouvelle technologie de communication va radicalement réformer le système des propagandes militaires et politiques instauré pendant la Seconde Guerre Mondiale.

1ére analyse de séquence: Roy et la montagne dans le salon:1h15min45sec:

Roy Neary (interprété par Richard Dreyfuss) fait la rencontre rapprochée avec un OVNI. Après cette expérience déroutante, son comportement va se modifier, et il devient rapidement obsédé par une image subliminale dont la forme se rapproche de celle d’une montagne. Sa hantise inexplicable finit par semer le trouble familial et son épouse Ronnie (interprétée par Teri Garr) décide de quitter le foyer domestique avec ses enfants, laissant Roy seul, construisant un gigantesque amas de détritus dans le salon.
Dans cette scène, le poste de télévision est allumé, mais il n’est pas visible dans un premier temps. Le son est présent en fond sonore. Il y a une certaine ambiguïté sur la source des dialogues qui découlent de la télévision. Est ce un personnage hors champ ? Une radio ? Une télévision ? D’autant plus que cette conversation hors champ s’inscrit dans le contexte scénaristique de la scène précédente.
Spielberg ici créé une atmosphère de mystère à plusieurs échelles. L’univers diégétique désoriente le spectateur, le monde tel qu’on le connaît est bouleversé par une irruption fantastique (Que font ces OVNI ? Pourquoi Roy agit de la sorte ?). Dans cette séquence le malaise est à son summum, puisque le héros a brisé son confort familial en dépit de son obsession, et, dans une moindre mesure, le spectateur ignore toujours la source du son hors champ.
Toutes ces questions jusqu’ici sans réponses, vont se résoudre en un simple mouvement de caméra.
L’objectif de l’appareil reste focalisé sur la déambulation de Roy dans le salon.

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C’est ainsi que le poste de télévision pénètre dans le champ de l’écran, apportant une première explication sur la dite source sonore jusqu’alors inconnue.
Soudainement, à ce moment de climax dramatique, le poste de télévision va apporter la vérité concernant les agissements incontrôlés de notre héros.

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C’est cet élément extérieur (télévision) qui va faire découvrir au personnage principal une première justification de ce mystère enfoui au plus profond de son être et dont lui même en ignorait la cause.
Spielberg garde le même cadrage que précédemment dans la séquence, et par conséquent joue avec l’attention directe du spectateur qui comprend alors l’enjeu narratif quelques instants avant le protagoniste concerné (une des spécialités de la «Spielberg Touch»).

Dans cette séquence bourrée d’ambiguïtés diverses et variées, la télévision d’abord source de mystère, va offrir une vérité évidente pour le spectateur et Roy (complice l’un l’autre). Ce procédé permettant de débloquer le fil narratif du film.
Cette première séquence analysée est le tournant du film en matière de narration. A travers un banal flash d’informations, l’objet télévisuel est ici présenté comme une source de vérité et de révélation.

A travers l’essor de cette nouvelle technologie au sein des foyers américains, le pouvoir de la presse en est renforcé. Une vérité visuelle est montrée au peuple. Les images sont une caractéristique de véracité du réel. (Cf. Cinéma comme art ontologique du réel selon les écrits d’André Bazin).
Dans la décennie qui précéda la sortie du film de Spielberg, plusieurs événements majeurs furent relayés par le «quatrième pouvoir» «(désignation de la presse aux U.S.A., qui symbolise la puissance de son influence). Les médias américains s’emparèrent de sujets lourds, et réussirent à percer à jour certains secrets d’État. C’est le cas du Scandale du Water Gate où Nixon est poussé à la démission via les révélations des journalistes.
Autre exemple, celui de la médiatisation de la guerre du Vietnam. La presse va montrer à la population américaine à travers le petit écran la réalité des faits de guerre, et contribuer à ce que l’opinion publique s’oppose au conflit.

Nixon Water Gate

Cette première séquence montre l’objet télévisuel comme source de vérité et de révélation de la réalité, en parallèle avec des événements historiques antérieurs où le «quatrième pouvoir» avait percé à jour la réalité dissimulée par le gouvernement.

2éme analyse de séquence: La rencontre du troisième type: 1h41min20sec:

Après une série de péripéties, Roy et Jillian (interprété par Melinda Dillon) finissent par accéder illégalement à la zone d’atterrissage destinée à la rencontre extraterrestre au pied de la Devil’s Tower. De son côté le Professeur Lacombe (interprété par François Truffaut) s’apprête à recevoir les visiteurs.
Toute la séquence va passer à travers le point de vu de Roy. Il demeure en tant que spectateur à l’action de la zone d’atterrissage. Grâce à sa présence en tant qu’élément perturbateur (si il avait suivit les règles de l’État Major, il n’aurait jamais du assister à cet événement), le spectateur que nous sommes peut ici voir les coulisses et préparations de l’arrivée des OVNI.
Roy lui revêt un rôle tout particulier puisqu’il passe de téléspectateur (première séquence) à spectateur direct (deuxième séquence) pour finir en tant qu’acteur au sein de l’action à la fin de cette scène.

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Spielberg va utiliser un procédé récurent dans son film pour élaborer une micro phase de suspens. Il s’agit de focaliser l’objectif de la caméra sur un acteur qui lui scrute le hors champ de manière intriguée. L’attention du spectateur va automatiquement se fonder sur ce qu’il y a à voir en dehors du cadre. A l’inverse de la première analyse de séquence où le spectateur avait une information quelques instants avant le protagoniste diégétique, ici le spectateur est frustré par ce retard de renseignement (Exemple de la séquence du paquebot échoué dans le désert).

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Ce procédé de réalisation constitue une phase d’attente pour nous spectateur. Par conséquent le raccord regard qui va suivre cette micro phase, doit être déterminant pour palier et satisfaire le suspens établi au préalable.
Le plan qui va suivre suffit à lui seul pour énoncer la principale implication idéologique qui va émaner de la séquence.

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La piste d’atterrissage est présenté à travers ce plan d’ensemble comme un vaste plateau télé. Les spots lumineux éclairent tels la lumière du jour la zone «shootée».
Une gigantesque voix émane des hauts parleurs, afin d’assurer l’organisation de la scène à venir. Cette voix peut être assimilée aux directives du réalisateur télé, ou dans une autre mesure, à une voix off géante qui narrait l’action diégétique du film lui même.
«On est en ligne» explique la parole des hauts parleurs, ce afin de vérifier les signaux sonores et retours audio. Cette affirmation évoque clairement la notion du direct télévisuel ici.
Une multitude d’éléments techniques rappelle le dispositif télé:
-Une régie avec des ingénieurs du son.
-Des dizaines de caméras, afin de multiplier les points de vues au sein de «l’émission».
-Le personnage de Truffaut agit comme un présentateur et/ou réalisateur télé. (d’autant plus évident que l’acteur est un cinéaste majeur du 7ème art).
-La musique, qui revêt le moyen de communication avec les extraterrestres, permet ici le début du «show T.V.». Ainsi on peut l’interpréter comme une sorte de générique qui lancerai «l’émission».

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Dans cette scène, il y a une trahison du réel qui s’opère, dans la mesure où les humains présentent une sélection de l’élite qui peut participer à cet événement sans précédent. (plus tôt dans le film, le gouvernement américain faisait le choix de faire évacuer toute la zone habitée autour de la Devil’s Tower en prétextant une catastrophe toxique diffusée en masse par la télévision). L’État Major ne montre pas l’humain standard tel qu’il est. Cette séquence est visible grâce au personnage de Roy qui lui est l’individu lambda mais également assimilable à un élément perturbateur, qui ne devait pas être présent.
Ce vaste plateau de télévision n’est qu’une vaste façade d’illusion et de fausseté du réel. Réciproquement, la globalité des populations humaines ignorent l’existence de cet événement.
La technologie télévisuelle s’inscrit ici dans une logique du trucage, dans la dissimulation du réel.

Dans un contexte de Guerre Froide, il est facile d’y établir un lien avec les techniques médiatiques de propagande. Ce conflit mondial fut avant tout une opposition d’influence et d’idéologies passant par la communication. Ainsi les gouvernements mirent la main sur la télévision, objet principal de persuasion des masses, et transformèrent certaines réalités en fonction de leurs intérêts.
De ce fait, le discours de John F. Kennedy au sujet de la Crise de Cuba le 22 octobre 1962, fut interprété par certains historiens comme un message de propagande.

Kennedy Cuba
Dans une tout autre mesure, le premier pas de Neil Armstrong sur la Lune le 21 juillet 1969 fut retransmis en direct et suivi par 500 à 600 millions de téléspectateurs, dans une logique de conquête spatiale entre le bloc de l’Est et le bloc de l’Ouest. C’est jusqu’à maintenant, le moment de télévision le plus important de tous les temps.

Rencontres du troisième type est un film de Science-Fiction qui évoque cette notion de perception du réel, mais avec un point de vu totalement différent que d’autres pionniers du genre (THX 1138 de George Lucas, Matrix des Wachowski et même Blade Runner de Ridley Scott). Le long métrage de Spielberg évoque ce concept en parallèle avec le contexte historique de Guerre Froide, et l’utilisation de l’outil télé dans la perception du monde, en impliquant des trahisons du réel (propagande, dossiers classés de la CIA qui dissimulent certains événements à l’opinion publique).
Ainsi dans la première séquence, la télévision est représenté comme médium de vérité et de connaissance. Puis dans la seconde analyse, l’utilisation des techniques et outils de la logique télévisuelle (plateau + émission) s’opère comme une façade, une illusion de la réalité (propagande qui cache ou façonne la vérité).

Complot TV

La télévision fut un médium très controversé en terme de son apport au réel. Elle fut défendue par des cinéastes majeurs comme Rossellini, qui croyait au pouvoir éducatif de l’objet à travers son grand projet d’encyclopédie historique.
Puis critiquée par d’autres, comme les théoriciens du concept de l’Hyperréalité. Umberto Eco évoquera la formule de «Le faux authentique».

«Il y a deux catégories de télévision : la télévision intelligente qui fait des citoyens difficiles à gouverner et la télévision imbécile qui fait des citoyens faciles à gouverner.» Jean Guéhenno

Article issu d’un devoir universitaire – Lille III – 2013/2014

Free to play: The Movie ou la Révolution de l’e-sport

Ce documentaire est sorti en 2014, et réalisé par l’importante société américaine de développement vidéo-ludique Valve Corporation, à laquelle on doit notamment les séries Counter Strike et Portal.

Ce film narre le déroulement en 2011, de la première édition de « The International », le tournoi annuel majeur d’e-sport basé sur le jeu Dota 2 (et bien entendu développé par Valve). L’édition se tenait à Cologne, rassemblant les meilleurs « teams » du globe, et promettant un million de dollars à celle qui finirait sur la plus haute marche. Parallèlement à cela, le film dresse les portraits de trois joueurs professionnels, aux parcours atypiques, et qui sont en lice avec leurs équipes respectives pour prétendre au million de dollars. Ainsi, on fait la connaissance de Benedict « Hyhy » Lin, un singapourien qui risque le bon déroulement de ses études pour se rendre à Cologne. Ainsi que du petit prodige ukrainien Danil « Dendi » Ishutin, garçon réservé, qui tire sa force de son agressivité sur Dota 2 et de son expérience de pianiste pour la gestion du « spam » de clavier. Puis, enfin de l’expèrimenté américain Clinton « Fear » Loomis, vivant dans une certaine précarité, mais qui visiblement n’affecte pas son amour pour le jeu.

Même si Free to play a le mérite de dresser un tableau neuf et dynamique sur le monde émergent de l’e-sport, le film manque finalement d’authenticité. Il faut noter l’absence d’un réalisateur unique, qui aurait pu insuffler un certain regard sur son sujet traité. Au lieu de cela, Free to play s’apparente d’avantage à un gros reportage bien produit, qui exploite un fil conducteur quelque peu maladroit, en altérant les repères temporels au cours des différents portraits réalisés.

Il faut tout de même reconnaitre au film son traitement sur le phénomène de l’e-sport, notamment lors de quelques séquences intenses, au coeur des matchs à enjeux du tournoi, avec une salle de spectateurs surchauffée, et où les joueurs surpassent leurs limites émotionnelles.

Free to play se conclut sur l’avenir de cette pratique à en devenir qu’est l’e-sport. Les joueurs et organisateurs expliquant que ce prix record d’un million de dollars n’est que le point de départ d’une nouvelle ère. L’e-sport est déjà considéré comme sport officiel dans plusieurs nations asiatiques. La médiatisation et les attraits financiers autour du jeu de compétition se multiplient chaque année. En témoigne l’édition de « The International » en 2014, où la team chinoise « Newbee » remporta le tournoi ainsi qu’un chèque de plus de cinq millions de dollars.

« Je pense que dans quinze ans, l’e-sport sera plus important que le football. »

Le Morço Electro #10

Bonobo, de son vrai nom Simon Green est un producteur-DJ anglais. Il a sorti cinq albums sur le label Ninja Tune. Il compose principalement ses œuvres en assemblant différents samples déjà pré-existant les uns aux autres. Ce travail de recherche et d’expérimentation musicale se retrouve ici illustré dans le très impressionnant clip « Cirrus » à travers un travail de découpage, collage, montage de diverses images d’archive. Le résultat découle d’une expérience visuelle intense, et cadencée tout en progression.

Docu’ et Poker: Nosebleed

Nosebleed est un documentaire de Victor Saumont qui suit le parcours de Seb Sabic et Alex Luneau, deux prodiges du poker online. Ils jouent tous deux sur les plus grosses parties de cash-game de la planète et cumulent plusieurs millions de dollars de gain chaque année. Ce long métrage s’attarde sur leur été 2014 à Vegas, où les deux amis vont tenter de glaner un des nombreux titres W.S.O.P. (championnats du monde de poker annuels).

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En dépit des nombreuses analyses techniques qu’offre le documentaire sur la pratique du poker à haut niveau, ce film plonge dans l’intimité de deux joueurs français qui se sont installés dans le top niveau mondial de cet exercice peu connu: les high-stakes (les parties de cash-game sur Internet les plus chères).
Victor Saumont, armé de son caméscope, se met à suivre les deux joueurs de Londres jusqu’à Vegas. Le dialogue entre le réalisateur et ses «sujets» est spontané. Alex Luneau et Seb Sabic se dévoilent de manière décomplexée face à l’objectif, expliquant comment ils en sont arrivés jusque là, comment la communauté high-stakes a évolué en sept années (les deux joueurs ont commencé en 2007), et ô combien il serai difficile aujourd’hui de gravir les différents paliers de cette ascension.
Malgré un style de vie qui peut parfois «choquer» (le coût de la vie nocturne à Vegas), Luneau et Sabic se révèlent attachants et sincères à travers leurs impressions recueillies à chaud tout le long du film, instaurant un climat de convivialité avec le spectateur.

Nosebleed est un documentaire assigné avant tout aux passionnés de poker (beaucoup de jargon technique et de guests sympas des têtes connus du circuit), mais il a le mérite d’exister et ce dans une société qui ignore encore beaucoup la pratique du poker professionnel ainsi que la communauté qui vient avec.

Le film disponible ici.

Le Morço Electro #9

Première track de la Boiler de Baauer. Morceau qui transcende le reste du set très trap. S-X si c’est bien son nom est un artiste difficile à trouver, pas de soundcloud, fb ou twitter a ma connaissance. En revanche ses créations sont disponibles sur Itunes.

Grabuge façon DNB à Lille !

Grabuge façon DNB à Lille !

Le vendredi 23 mai avait lieu à Lille une soirée Drum’n Bass avec la présence du très réputé dj britannique Levela (gros nom de la scène européenne et prochainement au Dour Festival).

Pas vraiment fan de ce style de musique qui tire ses influences du UK Garage et du Jungle (d’après une source sûre), je me laisse guider par des amis fans du délire. Nous débarquons vers 23h30 à la WAZ Factory et assistons à la fin du premier set de Rusted. Arrive ensuite Methran plus axé Dubstep. Le public de plus en plus nombreux commence à monter en température et l’ambiance est déjà terrible avant même l’arrivée de Levela.
Mon état touché par l’abus de consommations multiples se laisse guider pas ces sonorités qui en temps normal ne m’inspire pas d’avantage. Le dancefloor se remplit et la chaleur continue de grimper. Je finis par m’éclipser en retrait pour récupérer des forces avant l’arrivée de la star du soir. Une bière, quelques courants d’air et tout le monde regagne de sa superbe.
Néanmoins, en pleine euphorie je m’attarde avec des inconnus tous plus bavards les uns des autres. Les conversations sont à la fois absurdes et passionnées, à la manière de deux interlocuteurs totalement défoncés. Les toilettes deviennent un lieu de rencontre où tout le monde se ressource au lavabo et échange très facilement avec autrui. Nous sommes bien loin des soirées classiques et superficielles lilloises, chaque individu ici est accessible et ouvert à la discussion aussi farfelue soit elle. L’un des organisateurs nous confie même que malgré le sold-out, la soirée rentrera tout juste dans leurs frais (il faut saluer la beauté du geste !).
Ainsi je rate une grosse partie du set de Levela, mais les quelques minutes que j’ai passé devant le dj anglais furent éprouvantes. Les fêtards s’en donnent à cœur joie avec des pogos dans une atmosphère très amicale. Le set est énorme d’intensité (en témoigne cette track).
Enfin Rusted retourne aux platines pour la fin de soirée (cette fois sans son magnifique bob) en assurant pleinement le spectacle (« un sacré bordel » ou quelque chose dans le genre d’après un de mes amis survivants).

Même si je suis plus porté sur de l’electro calme et posé (deep house, chill, ambient), cette soirée fut une expérience géniale. Bien loin des consensus de la vie nocturne à Lille. Les dj étaient totalement accessibles, se baladant parmi l’assistance (j’ai même pu échanger quelques tweets avec Levela la veille). L’assemblée de fêtards était on ne peut plus chaleureuse. L’organisation a favorisé son show et sa programmation au détriment du fric (ils se sont amusés à offrir des bières à un pote qui fêtait son anniv’). Même le videur fut de loin le plus cool que j’ai pu connaitre en soirée.

C’est ce type d’expérience humaine qui peut vous faire prendre goût à un genre musical et ce même si ça ne correspond pas à vos affinités auditives.

 

-Le Facebook des organisateurs